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Vivadour soutient la création de lacs collinaires

Pierre Lajus, (à gauche) administrateur de Vivadour, référent du « projet eau » de la coop et Franck Clavier, directeur général, au bord d'un lac collinaire à Saint-Martin d'Armagnac. « Notre objectif est de réduire un manque à gagner de 8 à 10 M€. »J.-B. LAFFITTE

Pour aider les agriculteurs à investir dans des ressources en eau, Vivadour met en place un « guichet unique » qui prendra en charge les démarches administratives.

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Pouvoir irriguer est souvent une question de survie pour les exploitations du Sud-Ouest. « Sur le nord du Gers, dans le secteur de l'Armagnacais, ce sont 8 000 à 10 000 ha qui ne peuvent pas être irrigués, car ils ne sont pas suffisamment proches de cours d'eau ou de retenues collinaires, explique Pierre Lajus, administrateur de Vivadour, référent du "projet eau" de la coopérative. Sans irrigation, les producteurs récoltent 40 à 45 q/ha de maïs, alors que leurs voisins des vallées irriguées sont à 100 q/ha, voire 140 q/ha sur les très bonnes terres. Sans eau, on perd 1 000 à 1 200 € par hectare, ce qui représente un manque à gagner de 8 à 10 M€ pour les agriculteurs et la coopérative. »

Comme dans d'autres régions, l'irrigation dans le Sud-Ouest, qu'elle se fasse par pompages dans les cours d'eau ou dans les retenues collinaires, est chaque année sujette à polémique. Et on ne parle pas, ici, des irrigants qui aimeraient irriguer davantage, ni des agriculteurs qui travaillent en sec et qui voudraient avoir accès à la ressource en eau !

Un parcours du combattant

« A chaque fois qu'un agriculteur appelle l'administration pour déposer un projet de nouvelle retenue, on lui répond d'emblée que sa demande a peu de chance d'aboutir, témoigne Franck Clavier, directeur général de Vivadour. Tout le monde est découragé. Les dossiers administratifs sont complexes, les études coûtent cher et il faut surmonter les barrières réglementaires, les recours, les procès, pour des résultats souvent aléatoires. Du coup, il n'y a plus aucun projet en cours. » Pour « relancer la machine », la coopérative a décidé de « s'attaquer au sujet et de faire aboutir concrètement des projets d'investissement dans la création de ressources en eau ». Pour cela, elle met en place une sorte de « guichet unique » pour accompagner les agriculteurs. En premier lieu, elle doit identifier les exploitations qui ont des projets. Tous ses adhérents ont reçu un courrier leur demandant de transmettre leurs besoins en mètres cubes, la surface sur laquelle ils voudraient créer un lac collinaire et l'adresse de la parcelle envisagée. Un travail de synthèse sera ensuite réalisé pour classer les projets, identifier ceux qui seront les plus faciles à réaliser, voire en regrouper certains au sein de projets collectifs. « Vivadour prendra en charge les frais d'étude, poursuit Franck Clavier. Nous nous attendons aussi à devoir nous défendre sur le volet environnemental. Pour les projets de création de bâtiments d'élevage, nous avons en général un procès par bâtiment. Nous sommes habitués et travaillons avec des avocats et des cabinets spécialisés qui connaissent le sujet. »

400 ouvrages à creuser

Vivadour a dégagé un budget de 400 000 € pour soutenir les premiers dossiers. Pour 10 000 ha de cultures ayant besoin d'être irriguées, à raison d'environ 2 000 m3 d'eau par hectare, il faudrait creuser 400 lacs collinaires de 50 000 m3 de capacité. « Certains ouvrages sont déjà programmés de longue date, note Pierre Lajus, mais ils ne parviennent jamais à être bâtis. Les freins mis par le Grenelle 1 et 2, auxquels s'ajoutent ensuite des soucis de financement, font que ces projets ne voient jamais le jour. » Vivadour souhaite que d'autres coops du Sud-Ouest se joignent à elle pour porter ce dossier, afin de créer un « effet de levier sur la réglementation ». Ironie du sort, cet hiver a été marqué par d'interminables semaines de pluie, entraînant des débordements de rivières qui ont placé le département du Gers plusieurs jours en « alerte orange ». Impossible pourtant de stocker cette eau perdue qui viendra peut-être à manquer cet été.

Florence Jacquemoud

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